sábado, 23 de julio de 2011

C'était en 1890... ( fin )

Un militaire ? Il faut aller en province, au hasard dans les villes plus ou moins ouvertes ou fermées, mener la vie de garnison, sous la menace d’une guerre ou d’une expédition au bout du monde.
Un marin ? C’est une espèce de veuvage intermittent, plein d’inquiétudes où on voit son mari comme un revenant quand il revient.
Un professeur ? Il me parlerait comme à une grande élève ignorante.
Un artiste ? Je ne serais pas sa Muse.
Un magistrat ? Il me traiterait comme une petite fille en tutelle.
Un avocat ? Il me raconterait ses procès et essaierait sur moi l’éloquence de ses plaidoiries.
Un homme politique ? C’est encore pis.
Un médecin ? Autre genre de conversation déplaisante.
Un négociant ? Aucun goût pour les affaires, l’industrie, le commerce, l’usine et le magasin.
Un employé ? À son bureau toute la sainte journée et je n’en aurais que de la poussière.
Alors qui ? Mon ambition est d’épouser un fermier et de vivre à la campagne. Il y a des gens qui bâtissent des châteaux en Espagne, moi, c’est une ferme.
Les grandes passions ne sont bonnes qu’à creuser les joues, tracer des rides et rougir les yeux. Je préfère l’amour facile, pont long qui laisse le cœur tranquille et l’esprit en repos. On se rencontre : «Bonjour » ; on se quitte « Bonsoir ».
Tenez pour certain que les hommes qui adorent les femmes ne les aiment pas. Une chaîne d’or est une chaîne. La jeune fille de fin de siècle aime mieux être libre et flirter ; elle a beaucoup à perdre et peu à gagner et le mariage déforme sa taille.
L’Illustration – 14 juin 1890

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